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Georg Grosz

Georg Grosz

Ces mêmes 25 années se trouvent placées sur le plan politique sous le signe d’un nouveau phénomène : l’impérialisme. Alors qu’à la fin des années 80, la petite Europe était encore le théâtre de la diplomatie internationale avec ses passifs du temps de ses aïeux, et ses moyens et artifices à l’ancienne, c’est aujourd’hui dans l’ensemble du monde, ses cinq continents, ses trois océans, que le capital international dépose ses mines qui déciment les peuples, prépare ses zones de turbulence, lâche ses chevaliers de l’apocalypse pour des révolutions et des guerres sanglantes. Depuis se sont succédé à la rapidité de l’éclair, entre ses murs et dans ses bastions, les guerres sino-japonaise, hispano-américaine, sud-africaine, sino-européenne, russo-japonaise, tripolitaine et la guerre des Balkans, les révolutions russe, perse, turque, chinoise, elles, ont transformé le vieil ordre millénaire en ruines fumantes qui annoncent dans le même souffle la domination mondiale du capital et sa fin proche.

 

Pour les masses laborieuses, ce renversement n’a apporté à chaque pas que misère nouvelle, nouvelle pression et nouvelles formes d’esclavage. L’industrialisation du monde est synonyme pour elle de la prolétarisation de millions et de millions d’êtres humains. Le progrès technique a pris la forme de ce fléau qu'est le travail le plus intensif, qui attaque impitoyablement les muscles, le cerveau et le sang des prolétaires, et les conduit à tombeau ouvert et en toute cruauté vers la mort. Les bastions de la concentration du capital, les cartels et les associations d’entrepreneurs ont initié une ère de lockouts et une guerre incessante contre les associations de travailleurs. La montée de l’impérialisme leur a imposé la terrible charge des dépenses militaires. Alors qu’il y a 25 ans enfin, une longue période de chute des prix généralisée sur le marché mondial et la dite crise agricole, c’est-à-dire le prix bas des denrées alimentaires, étaient l’objet de toutes les plaintes de la classe capitaliste, un revirement brutal avec un renchérissement régulier des prix, est intervenu, dont on ne voit pas la fin.

 

Ainsi, dans la confusion des contradictions brutales, des violents ébranlements, des combats naissants, le dernier quart de siècle de l’évolution capitaliste apporte une confirmation claire, une incarnation vivante de toutes les idées, espérances et aspirations qui sont à la base de la lutte de classe socialiste du prolétariat. Un moment d’histoire est derrière nous, dont chaque pas a inscrit dans les chairs des masses prolétaires les brûlures d’innombrables souffrances, mais dont chaque avancée dans le même temps, annonce avec force à ces masses que l’ordre social capitaliste approche à grand pas de sa fin et que la libération socialiste de la classe ouvrière ne peut être que l’œuvre de la classe ouvrière elle-même.

 

Fünfundzwanzig Jahre Maifeier

Sozialdemokratische Korrespondenz, 27 avril 1914, N° 47

Gesammelte Werke, Dietz Verlag, Tome 3, P 436 – 437

Traduction Dominique Villaeys-Poirré - 13 mai 2018

Merci pour toute amélioration de la traduction

Tag(s) : #Impérialisme. Rosa Luxemburg