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"Et aujourd’hui, au milieu des délires et convulsions sanglantes de l’impérialisme surarmé et assassin des peuples ..."

Ceci est la conclusion de l'article que Rosa Luxemburg consacre à Marx au 30ème anniversaire de sa mort. Il témoigne de la place centrale qu'a pris le terme impérialisme et l'analyse de l'impérialisme depuis 1911 dans sa pensée. Ce texte est consacré à Karl Marx, mais plutôt à l'inscription du marxisme dans une perspective historique : "Trente ans ont passé depuis que l’homme, auquel la classe ouvrière est plus redevable qu’à n’importe quel autre mortel, a fermé pour toujours les yeux. L’œuvre à laquelle Marx a consacré sa vie, ne peut être honorée à sa juste valeur que dans une perspective historique". Il se termine par cet appel à renforcer le combat théorique et pratique face à la nouvelle phase qui sera pour elle la dernière : l'impérialisme

En cette année du trentième anniversaire de la mort de Marx et du cinquantième anniversaire de la naissance de l’action de Lassalle, la classe ouvrière allemande a toutes les raisons de témoigner sa gratitude à ses trois grands maîtres, dont l’œuvre historique est indissociable. Les décennies écoulées ont élargi de manière infinie notre champ d’action, ont décuplé nos rangs, mais elles ont aussi augmenté immensément nos tâches. La maturité capitaliste que Marx a étudiée et décrite dans les années 60 à partir de l’exemple anglais, apparaît maintenant comme l’enfance malhabile et balbutiante, mesurée à la domination actuelle du capital qui s’étend sur le monde entier et à l’audace désespérée de sa phase finale impérialiste aujourd’hui. Et le libéralisme bourgeois, dernier souffle exhalé par le monde capitaliste, et auquel Lassalle arracha, il y a cinquante ans, de ses mains de vieillard sénile, le sceptre de la direction de la classe ouvrière, apparaît comme une sorte de titan respirant la force, comparé au cadavre en décomposition qu’il est aujourd’hui. L’évolution historique sous toutes ses formes a donné aux enseignements théoriques et politiques des maîtres du socialisme historique une brillante confirmation. Et aujourd’hui, au milieu des délires et convulsions sanglantes de l’impérialisme surarmé et assassin des peuples, approche de plus en plus clairement l’heure où se réalisera la conclusion du Capital de Marx :

 

« A mesure que diminue le nombre des potentats du capital qui usurpent et monopolisent tous les avantages de cette période d'évolution sociale, s'accroissent la misère, l'oppression, l'esclavage, la dégradation, l'exploitation, mais aussi la résistance de la classe ouvrière sans cesse grandissante et de plus en plus disciplinée, unie et organisée par le mécanisme même de la production capitaliste. Le monopole du capital devient une entrave pour le mode de production qui a grandi et prospéré avec lui et sous ses auspices. La socialisation du travail et la centralisation de ses ressorts matériels arrivent à un point où elles ne peuvent plus tenir dans leur enveloppe capitaliste. Cette enveloppe se brise en éclats. L'heure de la propriété capitaliste a sonné. Les expropriateurs sont à leur tour expropriés »

 

C'est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, nous devons unir dans la pratique, ce que ces maîtres nous ont laissé de plus précieux : l’approfondissement théorique, pour guider notre combat quotidien en appliquant cette conception de manière ferme et l’énergie résolument révolutionnaire dans l'action, pour que les temps mémorables qui nous attendent ne trouvent pas devant eux un organisme sans force.

 

Leipziger Volkszeitung, 14 mars 1913, N° 60

GW, Tome 3, P 178 – 184

 

La traduction de la citation de Marx est reprise du site marxist.org

https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-32.htm

Le Capital - Livre premier- Le développement de la production capitaliste - Karl MARX - VIII° section : L'accumulation primitive - Chapitre XXXII : Tendance historique de l’accumulation capitaliste

Tag(s) : #Impérialisme. Rosa Luxemburg